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Portrait de Voltaire

Courte biographie de Voltaire (1694-1778)

 

François Marie Arouet de Voltaire, naquit à Chatenay, près de Sceaux, le 20 février 1694. Son extrême faiblesse détermina ses parents à différer son baptême, qui n'eut lieu que le 22 novembre à la paroisse de Saint-André-des-Arcs. Sa mère, Marguerite d'Aumart, appartenait à une famille noble du Poitou; son père, ancien notaire au Châtelet, était trésorier de la chambre des comptes. Placé au collège des jésuites, il eut pour professeur de rhétorique le Père Lejay, qui, effrayé de l'indépendance de ses idées, lui prédit "qu'il serait en France le coryphée du déisme". L'abbé de Châteauneuf, son parrain, était lié avec Ninon; elle le pria de lui amener son filleul, poète en herbe qui "désolait déjà par de petites épigrammes son janséniste de frère, et récitait avec complaisance " La Moïsade " de Rousseau. Ninon lui donna par testament deux mille francs pour acheter des livres; Voltaire avait adopté cette liberté de penser qui régnait dans le salon de Ninon comme dans la société du duc de Sully, du marquis de La Fare , de l'abbé de Chaulieu, qui fréquentaient également Châteauneuf et son élève. Son père, qui voulait qu'il fût magistrat et non poète, pour l'arracher à ses habitudes le fit partir en qualité de page du marquis de Châteauneuf, ambassadeur de France en Hollande. Il y avait à La Haye une dame Dunoyer; le page diplomate devint amoureux d'une de ses filles; et la mère se plaignit à l'ambassadeur et fit même imprimer les lettres de l'amant, qui fut renvoyé à sa famille. Voltaire, désespérant de fléchir son père, voulut passer en Amérique, mais le père s'attendrit et le plaça chez un procureur. Comme il était facile de le prévoir, il n'y resta pas longtemps. Pendant un séjour qu'il fit à Saint-Ange, M. de Caumartin, le père, passionné pour Henri IV et pour Sully, lui inspira le sujet de " La Henriade ", et en lui racontant les intrigues de la vieille cour, lui fournit les premiers matériaux du "Siècle de Louis XIV". Ce roi était mort, et aux panégyriques avaient succédé les satires. Une qui finissait par ce vers, "J'ai vu ces maux, et je n'ai pas vingt ans", ayant été attribuée à Voltaire, il fut mis à la Bastille , où il resta plus d'un an. Le duc d'Orléans, instruit de son innocence, le fit mettre en liberté, et lui accorda une gratification. "Monseigneur, lui dit Voltaire, je remercie votre altesse royale de vouloir bien se charger de ma nourriture, mais je la prie de ne plus se charger de mon logement". La tragédie d'Oedipe, dont la réception avait souffert de grandes difficultés, fut représentée en 1718. Lamotte, censeur de la pièce, déclara dans l'approbation qu'elle promettait un successeur à Corneille et à Racine. La maréchale de Villars se fit présenter le jeune auteur qui conçut pour sa protectrice une passion malheureuse. Libre de cet amour, il termina " La Henriade ", qu'il avait ébauchée à la Bastille , et fit jouer "Artémire", tragédie qui fut fort mal reçue (1720). Eloigné de Paris par ordre du régent, il retourna vers ce temps en Hollande, et s'arrêta à Bruxelles pour y voir J.-B. Rousseau, que son talent et ses malheurs lui avaient donné le désir de connaître; mais ils synpathisèrent peu et se quittèrent ennemis irréconciliable. En 1724, Voltaire donna "Marianne", dont la première représentation ne put être achevée, mais qui, reprise avec un nouveau dénouement, fut jouée 40 fois de suite. Vers la même époque, " La Henriade " parut sous le titre de " La Ligue ", d'après une copie défectueuse que s'était procurée l'abbé Desfontaines. Toute mauvaise qu'elle était, cette édition, bientôt reproduite, augmenta de beaucoup le nombre des admirateurs de Voltaire. Un jour, à dîner chez le duc de Sully, Voltaire répondit par des paroles piquantes au chevalier de Rohan, homme sans principes et sans honneur, qui s'en vengea lâchement en le faisant maltraiter par ses gens. Voltaire voulut le forcer à se battre : une lettre de cachet et l'exil, après six mois de détention, lui en ôtèrent les moyens. Il revint secrètement à Paris pour essayer de rejoindre son adversaire; mais il ne put y réussir, et, forcé de repasser en Angleterre, chercha à oublier ses chagrins dans l'étude. Les "Lettres philosophiques", publiées à Londres (1728); "Brutus" et " La Mort de César", mis au jour quelques années plus tard, furent les fruits de son séjour dans ce pays. Il y rassembla aussi les matériaux de "L'Histoire de Charles XII". Après trois ans, Voltaire, dont le ressentiment s'était amorti, cédant aux sollicitations de ses amis, revint à Paris. Avec la disposition de son esprit, il n'y pouvait demeurer longtemps sans se compromettre. Une élégie sur la mort de Mademoiselle Le Couvreur (1750), aux restes de laquelle la sépulture avait été refusée, lui fit craindre d'être poursuivi. Faisant répandre le bruit qu'il retournait en Angleterre, il vint se cacher à Rouen, où il fit imprimer "L'Histoire de Charles XII" et les "Lettres philosophiques". Avant cette double publication, il fit jouer "Brutus", qui eut peu de succès. Les "Lettres" (1731), mises en circulation par l'infidélité d'un libraire, ne furent pas poursuivies, et ce ne fut que trois ans plus tard qu'une réimpression fut saisie, l'auteur recherché, et le livre brûlé. "L'Epître à Uranie", aujourd'hui connue sous le nom de "le Pour et le Contre" (1732), lui attira de nouveaux désagréments. Il attribua cet ouvrage à l'abbé de Chaulieu, mort depuis plusieurs années, et dont la réputation comme poète ne pouvait que gagner à cette supposition. "Eriphyle" et "Zaïre" eurent dans la même année (1732) un destin bien contraire; "Zaïre", composée en 18 jours, eut un succès qui passa ses espérances. L'opéra de "Samson" ne put obtenir de paraître sur la scène; mais Voltaire en fut dédommagé par l'empressement avec lequel on rechercha son "Temple du goût" (1733). Toutefois les arrêts qu'il y prononçait indisposèrent contre lui le plus grand nombre des littérateurs. "Adélaïde du Guesclin" (1734) s'en ressentit. Un mot plaisant fit tomber cette pièce qui fut accueillie plus tard (1752) sous le titre "d'Amélie, ou le duc de Foix", et qui, après (1765) enleva tous les suffrages quand l'auteur lui eut rendu sa première forme avec son premier titre. La publication des trois premiers "Discours sur l'homme" (1734), celle de " La Mort de César" (1735), dont la représentation fut défendue, l'indiscrétion de quelques amis qui allaient récitant dans les salons des fragments de son poème inachevé de " La Pucelle ", tout enfin concourait à rendre la position de Voltaire dangereuse. Il avait hérité de son père et de son frère une fortune honnête. Une édition de " La Henriade " faite à Londres l'avait accrue, d'heureuses spéculations venaient de l'achever. N'ayant plus besoin de cultiver des protecteurs, ni de négocier avec des libraires, il renonça au séjour de Paris. Il avait même formé le projet de renoncer à la France ; mais la marquise du Châtelet, qu'il aimait, l'emmena dans sa terre de Cirey. Assemblage singulier de passion pour l'étude et le goût pour le plaisir, Emilie avait assez approfondi la métaphysique et la géométrie pour analyser Leibnitz et traduire Newton. Voltaire prit d'elle le goût des sciences, et composa les "Eléments de la philosophie de Newton" (1755), qui ne parurent qu'en 1738, et qu'il refondit en 1741. Voltaire et Madame du Châtelet concoururent en 1740 à l'académie des sciences. Leurs mémoires obtinrent une mention. Une autre fois (1741), Voltaire traita la question de la mesure des forces dans le sens de Newton contre l'opinion de Leibniz et de Madame du Châtelet elle-même, et son mémoire fut encore approuvé par l'Académie. Mais cette infidélité aux lettres ne fut pas de plus longue durée : cédant à son goût naturel aux sollicitations de ses amis, il ne consacra pas plus de temps à une étude stérile pour sa gloire. C'est à Cirey qu'il fit "Alzire", "L'Enfant prodigue" (1736), "Zulime" (1740), "Mahomet" (1741), "Mérope" (1743), qu'il écrivit "le Mondain" (1736), qu'il composa les trois derniers "Discours sur l'homme" (1757), qu'il prépara le "Siècle de Louis XIV" et "l'Essai sur les moeurs", enfin qu'il acheva le poème de " La Pucelle ", ouvrage dont le talent même de beaucoup supérieur à celui qu'y a déployé Voltaire ne ferait pas pardonner l'odieuse licence. Frédéric, alors prince royal de Prusse, lui écrivit à Cirey (1756), et de cette époque date une liaison entre le prince et l'écrivain, qui ne fut pas sans influence sur l'un ni sur l'autre. Desfontaines, après les premières invectives, que Voltaire eut le tort de ne pas laisser sans réponse, composa contre son bienfaiteur (1738) un libelle " la Voltairomanie ", qui trouva l'auteur de la "Henriade" beaucoup trop sensible. A son avènement au trône, Frédéric II le détermina à le venir trouver (1740). La guerre de Silésie les sépara. Voltaire revint à Lille, où il fit jouer son "Mahomet" (1741). Crébillon, qu'il avait choisi pour censeur, refusa de l'approuver; mais le cardinal de Fleury accorda (1742) l'autorisation de représenter à Paris la pièce que des clameurs forcèrent l'auteur de retirer du théâtre; trois ans plus tard, il la fit imprimer en la dédiant au pape Benoît XIV. Voltaire qui aspirait à remplacer Fleury à l'Académie française, fit jouer "Mérope" pour créer de nouveaux droits au fauteuil. La pièce obtint un succès éclatant; mais les intrigues de Boyer, évêque de Mirepoix, et du comte de Maurepas le firent écarter. L'Autriche et l'Angleterre menaçaient la France ; l'alliance du roi de Prusse devenait précieuse. On pensa que nul autre plus que Voltaire n'était propre à déterminer ce prince en notre faveur. Mai pour que le motif de ce voyage ne fût pas soupçonné, on convint que les persécutions dont il était l'objet lui serviraient de prétexte. Le négociateur ayant réussi, il revint rendre compte de sa mission; le ministre qui l'en avait chargé n'était plus en place et ce succès resta sans récompense. Une très faible comédie ballet, " La Princesse de Navarre", (1745), un poème sur la "Bataille de Fontenoy", un autre opéra, "Le Temple de la Gloire ", publié depuis le refus qu'il avait éprouvé à l'Académie, ne pouvaient rien ajouter à ses titres antérieurs; cependant les portes du sénat littéraire s'ouvrirent pour lui (1746). Mais de grands changements étaient survenus dans la direction des affaires. Madame de Pompadour le servit chaudement. C'est elle qui lui avait fait demander, pour les fêtes de la cour, les deux opéras dont il fut récompensé par le brevet d'historiographe de France et de gentilhomme ordinaire de la chambre du roi. Peu disposé à faire les sacrifices que ces faveurs imposaient en retour, Voltaire perdit bientôt son crédit; il ne lui resta que le regret d'être descendu jusqu'à vouloir tirer vengeance d'un distributeur de libelles qu'on faisait pleuvoir sur lui : on se trompa dans l'exécution de l'ordre qu'il avait obtenu contre Travenol; de là un procès en réparation qu'il perdit à la grande joie de ceux que ses mépris n'eussent pas manqué de confondre. Il avait tiré à ses ennemis le secret de son faible : ils réussirent à le dépiter tout à fait en protégeant ouvertement Crébillon. Voltaire humilié quitta Versailles pour Sceaux, où il refit les tragédies du rival qu'on lui opposait. Dans le moment où la cour s'évertuait à siffler "Sémiramis" (1748), Voltaire était reçu avec distinction par le roi Stanislas à Lunéville. Il y composa sa "Nanine", dont la représentation ne précéda que de peu de jours la mort de madame du Châtelet (1749), et revint à Paris chercher dans le travail quelques adoucissements à ses chagrins. "Oreste" ne tarda pas à paraître; son succès, difficilement obtenu, fut très brillant : cette pièce commença la célébrité de Lekain, que Voltaire put regarder aussi comme son ouvrage. Vers la même époque, il se rendit à Berlin, où l'appelait depuis quelques temps son royal ami (1750). Installé à Postdam, le poète philosophe crut d'abord habiter un autre palais "d'Alcine"; il ne tarda pas d'être désabusé. L'envie, envenimant d'imprudentes confidences, sema les méfiances entre les deux grands hommes. Déjà Voltaire ne songeait qu'aux moyens de briser ses liens, quand il eut à soutenir contre un juif, flétri depuis comme faussaire, un procès durant lequel, sous prétexte de laisser toute liberté à la justice, le roi le tint éloigné de la cour. Une réconciliation apparente suivit cette misérable affaire. Les envieux de Voltaire, au premier rang desquels était Maupertuis, n'avait plus gardé de mesure envers lui tandis qu'ils le croyaient privé à jamais des bonnes grâces de Frédéric. Sous l'influence de ses ressentiments contre le président de l'académie de Berlin, qui avait ameuté contre lui La Beaumelle , il écrivit sa "Diatribe d'Akakia". Le roi, après s'être égayé de ce pamphlet, en exigea le sacrifice et ne l'obtint pas. Un première édition avait été brûlée au feu de sa cheminée lorsque les presses de Hollande ayant reproduit l'opuscule, il le fit brûler par le bourreau de Berlin. Cette outrageuse sentence, si peu faite pour laver Maupertuis du ridicule dont il était couvert, excita l'indignation de Voltaire, que jusque là tant d'agitations n'avaient pas empêché de mettre la dernière main au "Siècle de Louis XIV" (1752). Il renvoya à Frédéric la clef de chambellan et la croix de mérite dont il l'avait décoré, et n'aspira plus qu'à s'éloigner de Berlin. Il en partit enfin après un nouveau semblant de réconciliation, et sous la promesse d'y revenir après avoir pris les eaux de Plombières (1753). Il se rendit d'abord à Leipzig où il reçut de Maupertuis un ridicule cartel, puis passa quelque temps à Gotha, où il écrivit, pour complaire à la duchesse, ses imparfaites "Annales de l'empire". Son passage à Francfort fut marqué par les traitements vexatoires que lui fit endurer Freitag, résident du roi de Prusse. Fêté à Mayence, puis à Strasbourg, il arriva enfin à Colmar, où il voulait se fixer momentanément (1754). En vain y fit-il constater juridiquement l'odieuse falsification de son "Essai sur les moeurs", qu'un libraire de Hollande venait de publier avec les altérations qui rendaient le livre injurieux pour les rois et pour les prêtres; il n'écarta pas mieux les méfiances dont il était l'objet en faisant publiquement ses pâques; et autant pour soustraire aux espions dont les jésuites l'avaient entouré, que pour se livrer à des recherches savantes, il alla passer trois semaines à l'abbaye de Senones. Quittant de nouveau Colmar pour se rendre aux eaux d'Aix, il s'arrêta quelques temps à Lyon, où l'enthousiasme qu'excita sa présence le dédommagea des mesquines démarches que faisait le cardinal de Tencin afin d'obtenir l'autorisation de lui faire quitter cette ville. Même accueil, même d'actes hostiles de la part des ministres du Saint-Evangile, l'attendait à Genève, où il séjourna un an, après avoir habité alternativement Monrion et les Délices (1755-58). Il finit par se fixer à Ferney, et c'est là qu'il passa ses 20 dernières années. A la place du misérable hameau qu'il y trouvait, s'éleva bientôt par ses soins une jolie ville peuplée d'ouvriers habiles, de commerçants industrieux. Un théâtre qu'il y établit, et où il jouait parfois lui-même, des bals brillants auxquels ses courtes apparitions donnaient plus d'attrait encore, enfin des divertissements de tous genres firent de ce lieu le point de réunion de ce que le pays de Genève et les environs comptaient de plus distingué. L'affluence des étrangers qui venaient le visiter à Ferney répandit l'abondance et la prospérité. Il en avait fait reconstruire la petite église sur un plan d'un meilleur goût. Ce fut cette circonstance et le zèle qu'il avait mis à terminer les procès intentés à ses vassaux par le fisc ou le clergé, qui lui suscitèrent les importunités les plus vives qui aient altéré la paix de sa laborieuse solitude. Sous le prétexte de la violation des formalités et d'un empiètement sur les prérogatives curiales, il fut dénoncé par l'évêque diocésain aux tribunaux, au gouvernement et au clergé. Il recourut vainement aux moyens qui lui semblaient devoir confondre l'acharnement de ses accusateurs (1768-169); il ne réussit qu'à l'accroître, et ce triste résultat l'entraîna lui-même de nouveau dans d'impardonnables inconséquences. Un autre sujet de troubles pour lui fut l'impression de " la Pucelle ", où étaient interpolés des traits sanglants contre Louis XV, sa maîtresse en titre, et plusieurs grands seigneurs avec lesquels Voltaire entretenait un commerce amical. Tel qu'il le reconnut pour son ouvrage dans l'édition qu'il en donna en 1772, ce poème est loin d'être exempt de blâmables inconvenances. Exaspéré de plus en plus par les fureurs de ses adversaires, il oublia parfois lui-même la modération que lui devait donner l'assurance de la supériorité de ses forces. Tandis que cette guerre de libelles absorbait une partie de ses instants, il partageait l'autre entre des actions utiles et des travaux plus dignes aussi de sa gloire. Les soins qu'il prit de l'arrière-cousine de Corneille, élevée sous ses yeux et dotée avec le produit des "Commentaires" qu'il composa sur les chefs-d'oeuvre du grand tragique, ses éloquents plaidoyers pour les Calas, pour la famille Sirven, ses factums en faveur de Lully, etc., sont autant de témoignages de son zèle infatigable à soutenir toutes les causes où il croyait voir intéressées la justice et la vérité. Quant aux productions littéraires de Voltaire durant cette même période, leur nombre est considérable : on retrouve dans plusieurs de ses dernières tragédies, notamment dans "Tancrède" (1760) et quelques scènes "d'Olympie", toute la vigueur et tout le brillant de son génie; mais c'est surtout dans ses "Romans", ses "Contes" en vers, ses "Epîtres" et mille badinage de sa plume, qu'on est agréablement surpris de trouver une fraîcheur et une grâce que semble exclure l'âge auquel il les écrivit. Ce n'est pas qu'il ait conservé un égal talent jusqu'à la fin; plusieurs de ses dernières productions sont au contraire fort en dessous de lui : de ce nombre est a tragédie "Irène" qu'il vit jouer, celle "d'Agathocle", représentée le jour anniversaire de sa mort; enfin plusieurs pièces qui ne parurent jamais au théâtre, et deux de ses quatre comédies qui méritaient peu d'y paraître, "L'Ecossaise" et le "Droit du seigneur" (1760-62). Cédant aux instances de Madame Denis, sa nièce, Voltaire, âgé de 84 ans, consentit à faire le voyage de Paris. Le désir secret de faire jouer sa tragédie "Irène" entrait pour beaucoup dans cette résolution. Arrivé le 10 février 1778, lendemain des funérailles de Lekain, il ne tarda pas à être comme accablé de tous les genres d'honneurs que lui décerna à l'envi la foule de ses admirateurs. Quelque délicieuse qu'en fut la cause, une irritation continue détermina une hémorragie violente qui fit craindre pour ses jours. Il avait présenté à l'Académie un plan pour la rédaction de son "Dictionnaire", et s'était chargé d'en rédiger la lettre A. Ayant perdu le sommeil, il recourut à l'opium, et se trompa sur la dose. Un accident semblable avait failli 50 ans plus tôt lui donner la mort : le poison cette fois triompha aisément de ses forces délabrées; et après une longue léthargie, durant laquelle il put à peine recueillir pour quelques instants ses esprits, il expira le 30 mai 1778. Le curé de Saint-Sulpice refusa de lui donner la sépulture; on transféra son corps à l'abbaye de Scellières, dont le titulaire Mignot était son neveu. Il fut exhumé de là, treize ans plus tard, pour être déposé au Panthéon (Sainte-Geneviève), dont l'un des caveaux contient encore ses restes ainsi que ceux de J.-J. Rousseau. Tandis que l'archevêque de Paris, M. de Beaumont, s'opposait à ce que l'Académie française célébrât pour le défunt un service funèbre aux Cordeliers, Frédéric, fidèle aux souvenirs d'une ancienne amitié, convoquait l'académie de Prusse à une solennité funéraire dans l'église catholique de Berlin. Le même prince, alors armé contre l'Autriche, écrivit dans son camp même l'Eloge de Voltaire. Sa vie a été écrite par Luchet en 1781, par l'abbé Duvernot (1786), par Condorcet (1787), par le Pasy (1819), etc. La plus ancienne édition des "Oeuvres de Voltaire", qui mérite d'être citée est celle de Genève, 1768, 45 volumes in-4. Longtemps les bibliophiles n'ont recherché que l'édition de Khel (1784-1789, 70 volumes in-8) : cette publication, due à Beaumarchais, n'avait pas été égalée en luxe et en correction avant les éditions de Renouard, 1819-1825, 66 volumes in-8, et de Lequien, 1822-26, 70 volumes in-8. Les éditions des oeuvres de Voltaire sont nombreuses au XIXème siècle. Il n'est aucun écrivain, soit en vers, soit en prose, qui ait embrassé autant de genres opposés et s'y soit montré aussi constamment supérieur.

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