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Biographie de Choderlos de Laclos (1741-1803)
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Sommaire :
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Pierre-Ambroise-François Choderlos de Laclos, né à Amiens en 1741, entra à l'âge de dix-huit ans au corps royal du génie en qualité d'aspirant, et fut fait sous-lieutenant l'année suivante. Parvenu au grade de capitaine en 1778, il fut envoyé à l'île d'Aix pour y construire un fort. Son service ne l'empêcha point de s'occuper de littérature, et il fit paraître un roman en deux volumes in-8°, intitulé "Les Liaisons dangereuses", dont le succès fut aussi scandaleux que l'ouvrage. C'est un tableau de la plus odieuse immoralité, qu'on n'eût jamais dû dévoiler, même en supposant qu'elle fut réelle; car la publicité des ruses du crime en est peut-être plutôt l'instruction que le préservatif; et s'il existe des êtres aussi pervers que le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil, la punition que leur inflige le roman du chevalier de Laclos n'empêchera pas de les imiter, et apprendra peut-être plutôt à perfectionner leur scélératesse. Quant au fond de l'ouvrage, si l'on ne prête point à l'auteur une autre intention que l'exposition des moeurs de son temps, c'est au moins un jeu d'esprit sans objet, et ses portraits purement de fantaisie, ne représentent réellement personne; car, bien qu'à l'époque qui a précédé la révolution les moeurs dans la haute société fussent assurément loin d'être sans tache, on ne peut y supposer l'existence de personnages ressemblant aux deux misérables qu'on vient de nommer. Le roman du chevalier de Laclos est écrit avec beaucoup d'art et beaucoup d'esprit : sans que le style en soit toujours très relevé, on y trouve cependant de fort belles pages, et la manière de l'auteur annonce un homme qui connaît le ton et les allures du grand monde. Après avoir passé onze années dans le service militaire, il devint, en 1789, secrétaire surnuméraire du duc d'Orléans; et dès lors les observateurs le signalèrent parmi les confidents trop intimes du prince : depuis cette époque, il serait difficile de se persuader qu'il n'eût pas une très grande influence sur la conduite de celui qui l'admettait habituellement dans son conseil. S'il faut en croire les mémoires du temps, il était, dès le mois de juillet 1789, membre d'un club qui se tenait au village de Montrouge, près de Paris, où des personnages puissants délibéraient sur le sort du royaume. Le chevalier de Laclos suivit le duc d'Orléans en Angleterre, lorsqu'une mission supposée exigea ce voyage. On lui a attribué la rédaction des lettres du duc d'Orléans au roi, publiées depuis la révolution et dans lesquelles on a remarqué le germe des principes qui furent si funestes au monarque, et qui perdirent le premier prince du sang. De retour à Paris en juillet 1791, Laclos fut un des principaux rédacteurs du fameux journal des jacobins, désigné alors sous le titre du Journal des amis de la Constitution , mais qui, dans la réalité, n'a eu depuis cette époque d'autre but que de la détruire. Ce fut Laclos qui, conjointement avec Brissot, rédigea la fameuse pétition qui provoqua le rassemblement du Champ de Mars, où l'on demandait que le roi fût mis en jugement; et on le vit à la tête des séditieux qui la colportaient dans les rues de Paris. Laclos fut dénoncé, pour ce fait, à l'assemblée constituante par le marquis de Sillery, qui déclara que le duc d'Orléans avait retiré sa confiance à l'auteur; mais le prince vint lui-même au nouveau club des Feuillants; il certifia que Laclos n'avait point cessé d'être digne de son estime et de ses bonnes grâces, et que M. de Sillery avait été mal informé. Laclos rentra au service en 1702 avec le grade de maréchal de camp, et fut nommé, dès la même année, gouverneur de tous les établissements français dans l'Inde; il ne partit cependant point pour sa destination, et on le vit, dans le quartier du Palais-Royal, devenu section de la Butte-des -Moulins, prendre part aux délibérations populaires qui signalèrent cette époque. Atteint par les mesures qui furent prises contre le duc d'Orléans, il fut destitué et renfermé dans la maison d'arrêt de Picpus. Du fond de sa prison, il envoyait aux comités du gouvernement des plans de réforme et des projets d'expérience sur une nouvelle espèce de projectiles; il fut relâché et autorisé à faire ses essais à Meudon et à la Fère. Le succès le justifia; mais on ne voulut pas qu'il poussât ses recherches plus loin. Arrêté de nouveau, il ne fut livre qu'après le 9 thermidor, et on le nomma secrétaire général de l'administration des hypothèques : telle était la facilité de son esprit, que ce genre de travail, tout nouveau pour lui, parut cependant lui être familier. Après la réforme de cette administration, il revint à ses expériences militaires; elles eurent le plus heureux succès, et lui ouvrirent une troisième fois la carrière du service : il rentra avec le grade de général de brigade (maréchal de camp) d'artillerie, qu'il remplit avec distinction sur le Rhin et en Italie où les fatigues jointes à la faiblesse de l'âge, hâtèrent le terme de sa vie. Il mourut à Tarente, le 5 octobre 1803. Outre "Les Liaisons dangereuses" (1782, 4 parties in-12, ou 2 vol. in-8, souvent réimprimées), et des "Poésies fugitives", qui annoncent beaucoup de grâce dans l'esprit, on a de Laclos une "Lettre à l'Académie française", qui parut en 1786 à l'occasion du prix proposé pour l'éloge de Vauban, in-8°, de 48 pages. Il y prétendait que les fortifications élevées par cet illustre maréchal avaient coûté à l'Etat 1410 millions. Cette assertion a été complètement réfutée dans le "Journal des savants" de la même année, p. 556. |
"Souvenirs", dans Almanach des Muses, 1773
"Epîtres à Eglé", dans Almanach des Muses, 1773
La Procession (conte en vers), sans date
Le Bon choix (conte en vers), sans date
Ernestine (livret d'opéra), 1777
La Matrone (livret d'opéra), 1780
Les Liaisons dangereuses, 1782
Cecilia ou les mémoires d'une héritière, théorie du roman, 1784
De l'éducation des femmes, 1785
Considérations sur l'influence du génie de Vauban, 1786
Pièces fugitives, 1787
Les Vertus de Louis XVI, 1787
Correspondance avec Madame Riccoboni, 1787
De la guerre et de la paix, 1795
Lettres (posthumes), 1904
Poésies (posthumes), 1904
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