Le vicomte Charles-Gilbert Morel de Vindé, agronome et littérateur, naquit à Paris le 28 janvier 1759. Reçu conseiller au parlement de cette ville en 1778, il fut en 1790 appelé sans sa participation à présider l'un des tribunaux de Paris (quartier des Tuileries), fonctions qu'il accepta dans l'espoir d'y trouver l'occasion de servir le roi. Lors de l'événement du 28 février 1791, il sauva des suites de cette fatale soirée les huit serviteurs du roi arrêtés au château et peut-être le monarque lui-même. Après l'évasion de Louis XVI, le 21 juin suivant, quand il eut été ramené captif de Varennes Paris, Morel de Vindé, jugeant son sacrifice désormais inutile et ne pouvant se dissimuler que sa fortune, très considérable (il avait recueilli les riches successions de M. et madame Paignon d'Ijonval, ses grand-père et grand-mère, dont il était l'unique héritier), devait l'exposer à des dangers imminents, avait donné sa démission et pris la ferme résolution de se tenir éloigné de toutes fonctions publiques. Pour avoir un constant et plausible prétexte de refus, il avait affecté depuis cette époque de se livrer exclusivement aux travaux agricoles, que d'ailleurs il entendait fort bien ; mais il ne s'en trouva pas moins en butte aux périls qu'il avait appréhendés. Il fut désigné comme l'une des victimes dévouées aux massacres du 2 septembre 1792. On vint le 31 août pour l'arrêter dans son domicile, à Paris ; heureusement il était absent et réussit ultérieurement à se soustraire aux rigueurs du terrorisme. Continuant de se livrer à ses observations et expériences agricoles, il publia sur la culture et sur les troupeaux de nombreux et utiles mémoires, qui lui valurent le titre de membre ou correspondant des sociétés d'agriculture de Paris, Versailles, Lille, Caen, Toulouse, etc. Il n'eut point d'autres titres depuis 1794 jusqu'au retour de Louis XVIII, qui lui accorda la décoration de la légion d'honneur le 6 décembre 1814, et le nomma pair de France le 17 août 1815. Il fut élu en 1824 membre de l'Académie des sciences (section d'économie rurale). Après la révolution de 1830, Morel de Vindé continua de faire partie de la chambre des pairs ; mais il n'y parut que rarement et n'y siégea point dans les divers procès politiques qui furent déférés à la haute cour. Il mourut à Paris en décembre 1842, laissant un honorable souvenir de bienfaisance. Son éloge fut prononcé à la chambre des pairs par M. le marquis d'Audiffret. Outre ses écrits sur l'agriculture et sur les troupeaux, Morel de Vindé a publié quelques ouvrages de littérature. Celui qui a obtenu le plus de succès est un petit traité de morale mis à la portée des enfants et exprimé en quatrains. Ce livre, intitulé « La Morale de l'enfance », a eu de nombreuses éditions et de plus nombreuses contrefaçons. Il a paru pour la première fois en 1790, et plus tard, il a été traduit en latin par M. Leclerc. Les autres productions littéraires de Morel de Vindé sont trois petits romans intitulés : « Primerose », 1797 ; « Clémence de Lautrec », 1798, et « Zelomir », 1800. Il est aussi l'auteur de plusieurs opuscules : 1° « La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen mise à la portée de tout le monde et comparée avec les vrais principes de toute société », 1790, in-8° ; 2° « Des révolutions du globe, conjectures formées d'après les découvertes de Lavoisier sur la décomposition et la recomposition de l'eau », 1797, in-8° ; 3° « Modèle d'un bail à ferme », 1799, in-folio. ; 4° « Mémoire sur l'exacte parité des laines mérinos de France et d'Espagne », Paris, 1807, in-8° ; 5° « Mémoire et instruction sur les troupeaux de progression », ibid., 1808, in-8° ; 6° « Suite des observations sur la monte et l'agnelage », ibid., 1808, in-8°, et plusieurs autres pièces tirées comme celle-ci et les précédentes des « Annales de l'agriculture française » ; 7° « Notice sommaire sur les assolements adoptés dans son exploitation, à la Celles-Saint -Cloud, près Versailles », 1816, in-8° ; 8° « Quelques observations pratiques sur la théorie des assolements », Paris, 1822, in-8° ; 9° « Essai sur les constructions rurales », Paris, 1824, in-folio. ; 10 e « Considérations sur le morcellement de la propriété territoriale en France », Paris, 1826, in-8° ; 11° « Sur la théorie de la population, ou Observations sur le système de Malthus », Paris, 1829, in-8°.
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