Jacques Philippe Lebas , graveur, naquit à Paris en 1707. Il fut élève d'Hérisset, qu'il surpassa bientôt; mais ce fut surtout Gérard Audran qu'il se proposa pour modèle. C'est dans la manière de ce grand maître qu'il grava la Prédication de Saint-Jean d'après le Mola. Cette estampe établit sa réputation. Doué d'une extrême facilité, Lebas n'abandonna jamais l'étude, et il ne passait pas un jour sans dessiner. En 1713, l'académie de peinture l'admit au nombre de ses membres sur une estampe gravée d'après Lancret, qui lui avait été désignée, et qui représente une Conversation galante : elle est dans le cabinet de Crozat. Cinq ans après, il fut reçu dans la classe des associés régnicoles de l'académie de Rouen. Berghem, Wouwermans, Van Ostade, Van Falens exercèrent successivement son burin; mais l'artiste d'après lequel il a travaillé de préférence, c'est Teniers. Il a su conserver dans ses estampes la naïveté, la gaieté franche et la bonhomie qui distinguent les tableaux de son modèle; et il a reproduit avec un égal succès le ton argentin et la touche fine et spirituelle du peintre. On connaît de Lebas une quantité considérable de planches d'après ses propres compositions, toutes remarquables par une verve abondante, un travail facile, une imagination vive et pittoresque. Il a aussi peint quelques gouaches d'un ton de couleur vigoureux et d'un effet piquant. Il fut longtemps le plus connu des graveurs français, et il a fréquemment signé des estampes entièrement exécutées par ses élèves. Il est le premier, après Rembrandt, qui ait fait un grand usage de la pointe sèche, méthoque que quelques uns de ses élèves ont perfectionnée. En 1771, il avait été nommé conseiller de l'académie : il obtint quelque temps après une pension. Louis XVI, en 1782, lui accorda le titre de graveur du roi. Après une maladie aiguë qui ne put altérer la sérénité de son caractère, il mourut le 14 avril 1783. Son portrait a été gravé par Gaucher, son élève. Son oeuvre s'élève au delà de cinq cent pièces, parmi lesquelles on en compte plus de cent d'après Teniers, et plus de trente d'après Vernet. Les Réjouissances flamandes, David Teniers et sa famille, les Oeuvres de miséricorde et l'Enfant prodigue, quatre grandes estampes in-folio en travers, sont des pièces capitales, d'une exécution supérieure. La suite des Ports de France, d'après Vernet, qu'il a gravée en société avec Cochin, ne jouit pas d'une moindre estime. C'est encore Lebas qui a gravé les planches des Ruines des plus beaux monuments de la Grèce; les détails y sont rendus avec une grande précision. On peut voir un catalogue étendu de l'oeuvre de Lebas dans le Manuel des amateurs de l'art, de Hubert et Rost, et dans le cabinet de M. Paignon-Dijonval. Lebas a formé plusieurs habiles élèves, tels que les deux Aliamet, Lemire, de Ghendt, Gouaz, Gaucher, Masquelier, Moreau, Laurent, etc.; et, parmi les étrangers, Robert, Strange et Ryland. On trouve une notice étendue sur sa vie (par Hecquet) à la tête du catalogue de sa vente, et une autre (par Gaucher) dans le Journal de Paris du 12 mai 1784.
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